LOUIS MAJORELLE (1859-1926)
Initialement destiné à la peinture et à la sculpture, Louis Majorelle reprend l’ébénisterie familiale et devient vite, avec Victor Prouvé, une des figures de proue de l’Ecole de Nancy après la mort d’Emile Gallé en 1904. Renommé pour la qualité de son ébénisterie et le luxe de son mobilier Art Nouveau, il est comparé aux plus grands ébénistes de l’Histoire. Véritable sculpteur de meubles, il crée dans le bois des formes d’une grande sobriété. Contrairement à certains de ses contemporains, Majorelle choisi de sacrifier le décor à la forme. Ses créations sont robustes mais allégées par des lignes courbes et tendues, des montants en arc très ouverts, quelques fois soulignés de bronzes agiles et sinueux, épousant la cambrure de l’ensemble.
L’Art Nouveau puise dans la nature une source inépuisable de décors, de motifs sculptés dans le bois d’acajou, de courbaril ou encore de palissandre chers à Majorelle, ou encore fondus dans le bronze tels que nénuphars, orchidées, ombelles... Les jeux de marqueterie joueront souvent un rôle purement ornemental, renforçant le génie de leur maître.
L’UN DES 4 PIANOS « LA MORT DU CYGNE ».
Après un succès retentissant de son art à l’Exposition Universelle de 1900, Majorelle présente une pièce remarquée au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1904 : La Mort du Cygne, un piano demi-queue en bois sculpté, au mécanisme Erard, dont la marqueterie est l’œuvre de Victor Prouvé, peintre emblématique nancéien. Nous connaissons à ce jour quatre exemplaires de ce modèle. L’un est présent dans les collections du Virginia Fine Arts Museum. Deux autres ont été commandés en 1903 par les associés Charles-Auguste Masson et Eugène Corbin, Directeurs des Magasins Réunis de Nancy, grands mécènes et amateurs d’art. Le piano d’Eugène Corbin est aujourd’hui exposé dans le Salon pommes de pin du Musée de l’Ecole de Nancy. Nous présenterons aux enchères le 16 mai 2019 celui commandé par Charles-Auguste Masson. L’autre non signé, est non localisé.
A la fin du XIXe siècle, le thème du cygne est répandu dans les arts, notamment en littérature chez Baudelaire dans le poème Le Cygne (in. Les Fleurs du Mal, 1857) et dans certaines œuvres musicales telles que Le Lac des Cygnes (1875-76) de Piotr Ilitch Tchaïkovski ou Le Carnaval des animaux (1886) de Camille de Saint-Saëns. Le cygne se trouve aussi dans d’autres œuvres des artistes de l’Ecole de Nancy grâce à ses courbes sinueuses. La scène figurant sur le piano pourrait être inspirée de l’opéra Parsifal (1882) de Richard Wagner dans lequel le chevalier Parsifal abat un cygne, oiseau considéré comme étant sacré par les chevaliers.
PLUSIEURS EXEMPLAIRES DE MEUBLES « AUX NÉNUPHARS ».
Nous présenterons également aux enchères un bureau aux Nénuphars, typique de l’œuvre de Majorelle au début du XXe siècle. Il abandonne ici le recours à la marqueterie florale pour mettre en avant la ligne, en effet, il semble jaillir du sol dans un ensemble de tigesdynamiques ascendantes et courbes accentuées par des bronzes dorés aux nénuphars.
Louis Majorelle était également excellent ferronnier et réalisait le dessin des bronzes de ses meubles. Les artistes de l’Ecole de Nancy prônaient l’Art Nouveau comme une unité,un art total se glissant des ferrures aux boiseries, des tapisseries aux bronzes du mobilier en passant également par les luminaires. De cette unité naîtra la collaboration Daum-Majorelledans le domaine du luminaire exaltant les innovations techniques au service de l’art donnant ainsi naissance à l’esthétique particulière de l’Ecole de Nancy. Sur le modèle que nous présenterons le 16 mai prochain, les références au XVIIIème siècle sont manifestes, par l’emploi du bronze doré et les mouvements de torsion virtuoses, mais elles sont utilisées pour une recherche de la modernité. L’inspiration de la nature, est aussi pleinement exprimée. Les lignes courbes et le mouvement curviligne du lustre évoquent naturellement la tige d’une plante, sa capacité à croître et à décroitre. Le verre, moulé et ciselé est d’une très grande finesse d’exécution.
SOIRÉE ÉVÈNEMENT À L'ESPACE TAJAN.
Afin de célébrer cette vente d'exception, le piano "La Mort du Cygne" sera présenté en avant-première à l'occasion d'un concert au piano à quatre mains, le lundi 13 Mai à l'Espace Tajan. Le concert sera donné par le duo Mouseîon : Mariia Esaulova et Narek Galoyan, accompagné par Andréa Constantin, soprano.